GéCé

GéCé

SERVICE MILITAIRE

J'ai vécu en Allemagne de novembre 1967 à février 1969 à LANDAU.

 

Landau in der Pfalz est une ville allemande dans le sud du Land de Rhénanie-Palatinat

Durant la présence française en Allemagne après la Seconde Guerre Mondiale elle abrite notamment les 7e, 8e régiments d'infanterie, le 2° Régiment d'artillerie, le 5e RCS, le 44° Régiment de transmissions ainsi que le 13° RTA.

Elle compte plus de trente mille habitants.

 

 

 

 

 

 

J'ai accompli mon service militaire dans une période troublée puisque j'ai vécu les évènements de mai 68 à la caserne. Je n'ai jamais été militariste mais au départ l'annonce de mon affectation en Allemagne m'a ravi. Si j'ai toujours conservé mon côté germanophile, j'ai déchanté concernant l'armée dès mon incorporation.

Celle-ci fonctionne sur un principe simple: le plus gardé a toujours raison fut-il incompétent

Et dans ce domaine il y avait une solide compétition. Les sous-officiers (sergent, sergent-chef, adjudant, adjudant-chef)  auraient le plus souvent pu concourir pour le concours du plus "beauf" et du plus abruti.  Inculture et alcoolisme chronique conjugués, cela laissait peu d'espoir au dialogue. L'un  d'eux punissait les soldats à raison ou sans raison en leur imposant des pompes, le fusil reposant sur les mains pour bien les maintenir au sol. Dans la phase d'extension il fallait crier: "Brigitte Bardot a un beau cul" et lors du repos au sol "mais ils est trop bien pour moi". Exaltant et formateur

 

Je m'en suis plutôt bien sorti parce que j'ai été nommé caporal ce qui m'excluait des corvées, style nettoyer les WC avec une brosse à dents. J'étais  responsable d'une chambrée mais dans l'ensemble ça s'est passé correctement.

 

Quatre faits notables:

 

Notre cher sergent-chef passant une inspection de nos armoires (eh oui, il en avait le droit) a trouvé dans la mienne un livre de poche de Sartre. Il n'en avait certainement jamais lu une ligne mais le nom a sufffi à déclencher sa hargne et je me suis fait insulter et menacer.

 

Lors de manoeuvres, je devais sauter d'un hélicoptère qui faisait du surplace à deux ou trois mètres du sol. Je me suis étalé parce que je transportais un L.R.A.C (un lance roquette). Le problème c'est que l'exercice se déroulait sous les yeux de Pierre Messmer futur Premier Ministre mais alors Ministre des Armées. Ca n'a pas contribué à accroitre  ma popularité auprès des forces armées.

 


 

Par contre ayant une bonne condition physique j'ai été le premier lors d'une "marche commando". Il s'agissait de courir avec un sac à dos chargé + le fusil, avec comme chaussures des rangers très lourdes. J'étais assez fier de ma performance lorsque je me suis fait interpeller par d'autres soldats. Pratiquant la course à pied, j'étais à l'aise tandis que certains (non-sportifs, obèses, malades...) peinaient à l'arrière. Plus j'allais vite, plus je les mettais en difficulté. C'est ce qui explique que j'ai délaissé l'athlétisme durant un an ou deux après mon retour à la vie civile.

 

Comme chaque soldat, j'ai du assumer les fonctions de garde à la prison militaire de Landau.

Il s'agissait de surveiller les lieux du haut d'un mirador. On était muni d'un fusil et de cartouches réelles ( dans un petit sac en tissu cousu) avec comme consigne de les utiliser en cas de tentative d'évasion. Les prisonniers étaient soit des condamnés de droit commun (surtout vol et viols) soit des soldats qui avaient manifesté leur opposition idéologique. On les entendait nous insulter à partir de leurs cellules. Un cauchemar éveillé. Le courage aurait été de refuser le tour de garde avec comme conséquence de passer de la fonction de gardien à celle de prisonnier.

 

Mon passé aux Cartières et le profil "convenable" de mes parents m'ont permis d'intégrer le service de renseignements du régiment. J'ai appris que dans le cas d'une affectation comme les mienne une enquête était menée par les renseignements généraux lesquels ont mal fait leur travail puisque j'étais deja adhérent PSU . Sans avoir rien demandé, je me suis retrouvé du jour au lendemain dans un bureau à gérer les fiches des "mauvais éléments". Les notifications arrivaient du service des armées; ma fonction était de les répercuter auprès des responsables des compagnies ( = subdivisons au sein d'un régiment). Je me suis acquitté de ma tâche sans trop de scrupules lorsqu'il s'agissait d'informer un capitaine qu'un tel avait un casier judiciaire chargé. Cela m'a posé beaucoup plus interrogé lorsqu'une fiche mentionnait par exemple: " a un grand père membre du Parti Communiste. Aucune responsabilité ne doit lui être confié ni promotion. A surveiller particulièrement". Les arrivants classifiés comme gauchistes étaient particulièrement visés. Etant de tout coeur avec eux, j'ai soit omis de transmettre les dossiers, soit j'en ai édulcoré le contenu. Il n'y avait là rien d'héroïque, aucun contrôle n'étant effectué sur mon travail.  A la fin de mon service militaire, j'ai mis pas mal de pagaille dans les archives sans  conséquence dommageable me concernant.

 

 

 

                          

 

 

 

 

Au niveau de la vie quotidienne, les week-ends permettaient des sorties libres. C'est ainsi que j'ai découvert le charme d'Heidelberg, Karlsruhe ou Mannheim. Ne parlant pas allemand je n'ai guère eu de contact avec les autochtones (sauf dans quelques boites de nuit minables où des entraîneuses sans grand charme, que je ne connaissais pas, m'appelaient chéri avec un accent teuton prononcé).  Autant les commerçants étaient aimables avec les soldats français, autant il m'a semblé que la population ne nous adorait pas. Après tout on était des occupants et l'Allemagne continuait ainsi à payer son passé nazi.

 

Outre le désespoir de perdre mon temps à l'armée j'ai toujours regretté d'avoir été absent de France lorsque le pouvoir de De Gaulle a vacillé et que la force se trouvait temporairement du côté des manifestants.

 

De Gaulle avait" fugué" une journée à Baden-Baden pour y rencontrer le général Massu. Ce dernier est un personnage que j'ai aperçu ayant moi-même assuré une garde à son quartier général. Question froideur, il aurait pu avoir la palme d'or.

 

 

Mon meilleur souvenir d'Allemagne:

Une marche de nuit aux environs de Noêl. Tout le monde était épuisé; il faisait froid. et on avait une vingtaine de kilomètres dans les jambes.

On a traversé un petit village totalement endormi.

On est passé devant l'église. Il y avait devant un sapin illuminé et soudain les douze coups de minuit ont retenti

J'ai trouvé cet instant féérique mais je pense que j'ai été le seul d'autant que je suis incapable d'expliquer les raisons de ma soudaine et brève béatitude. Il n'empêche que plus de quarante ans après je m'en souviens encore.

 

 

                                                                       

 

 

 

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Un mauvais souvenir:

Ne pas avoir obtenu de permission pour rendre visite à ma mère lorsqu'elle a été opérée d'un cancer.

 

 

 

Ma carte allemande de donneur de sang!

 

                                                  

 

LA CARTE DES DEPARTEMENTS

Lorsqu'il ne restait plus que 95 jours avant  la fin du service militaire, on dessinait une carte de France et chaque jour on coloriait un département pour faire le décompte négatif.

Lorsqu'on arrivait à 01 Ain, c'était " la quille"

 

 

      

 

                                                                            Ma quille (que j'ai conservé)

 

Pourquoi fait-on une quille à la fin du service militaire ? 

On ne sait pas exactement quand la quille à pris un sens symbolique… Mais lors du service militaire, il était d’usage de décompter les jours qui séparaient les « conscrits » de leur libération des obligations militaire.
A cent jour de la fin du service, on fêtait le « Père cent » dans une grande beuverie et on annonçait les jours qui séparait de la libération.
Le décompte était souvent inscrit sur une ardoise et le symbole de la quille est apparu dans les années 30. Son origine est sans doute dans sa ressemblance avec le chiffre 1 qui marquait la veille du retour au foyer.
L’habitude de se transmettre entre appelés une grande quille de bois s’installa, avant que les commerçants des villes de garnison ne se mettent à vendre aux appelés une quille que chacun pouvait rapporter chez lui en souvenir de son séjour sous les drapeaux !!!



21/01/2011
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