DE GAULLE ET PINAY
Sans en comprendre vraiment le sens, tous les élèves de l'école primaire Saint Pierre avaient été amenés devant la mairie par les enseignants afin d'assister à une visite du Général De Gaulle.
Il est passé devant nous, debout dans sa voiture; on l'a aperçu seulement trois secondes mais nous sommes revenus à l'école très contents. Non pas d'avoir vu "un grand homme" mais d'avoir échappé à deux heures de classe !
Ce fut mon seul contact avec le Gaullisme en date du 7 juin 1959.
Par contre comme tout Saint Chamonais je connaissais Monsieur PINAY. Bien qu'il ait été un des hommes politiques les plus importants de l'après-guerre, il se promenait en toute simplicité en ville, sans escorte. Il parlait fréquemment à mes parents, très à l'écoute des petits commerçants qui constituaient une partie de son fond de commerce électoral. J'avais également droit à une poignée de mains tout à fait formaliste. Après mon passage aux Cartières ma mère l'avait sollicité afin qu'il me pistonne pour un emploi à la Caisse d'épargne. La démarche n'a heureusement pas aboutie.
Apprécié et respecté malgré (ou en raison de) son soutien au régime de Vichy il donnait l'image d'un français moyen. Enfin, pas tout à fait si on prend en compte ses moyens financiers. Antoine Pinay disposait une grande propriété proche du collège Sainte Marie, totalement isolée grâce à de très hauts murs. Tout le monde savait que "sa femme est depuis des années chez les fous" mais le sujet n'était jamais abordé. D'une certaine façon, c'était rassurant pour le peuple de constater que chacun "a ses malheurs".
Même dans la seule biographie qui lui a été consacrée en 1990 par Christiane Rimbaud, aucun élément concernant sa vie privée n'est rapporté.
Industriel et maire de Saint-Chamond , Antoine Pinay (1891-1994) est élu député en 1936 puis en 1946. Il devient ensuite secrétaire d'État en 1948 puis ministre en 1950. Il appartient alors à un parti de droite libéral : le Centre National des Indépendants (CNI).
À partir de mars 1952, il est à la fois président du conseil ( actuellement on dirait premier ministre ) et ministre des finances. Sa politique économique plutôt populaire donne de lui l'image d'un homme soucieux d'une saine gestion.
De juin 1958 à janvier 1960, il est à nouveau ministre des finances, cette fois à la demande du Général De Gaulle. Il mène à nouveau une politique visant un équilibre financier de l'État.
Jusqu'à sa mort, celui que l'on surnomme le « sage de Saint-Chamond » sera consulté par de nombreux hommes politiques qui font appel à son bon sens et à son expérience
AU FIL DU TEMPS... L'IMAGE D'EPINAL SE DILUE
J'avais entendu des rumeurs!!!
Un chantage contre Antoine Pinay
« Les procédés de basse police ne sont évidemment pas l'apanage des seuls gaullistes, mais ils en sont tout de même très friands. Au moment de l'élection présidentielle de 1965, Antoine Pinay, père du nouveau franc, ex-ministre des Finances de De Gaulle, est sollicité par une partie de la droite pro-européenne pour se présenter contre le Général. Il finira par renoncer. Pour quel motif ? Sylvie Guillaume, biographe du "sage de Saint-Chamond", a recueilli les confidences de l'un des collaborateurs de Pinay : "Il m'a expliqué que les gaullistes avaient menacé de sortir des dossiers impliquant Pinay dans des ballets roses." L'ancien président du Conseil était, effectivement, réputé aimer les très jeunes femmes. En fait de ballets roses, sa décision de ne pas se présenter aurait été liée au dépôt d'une main courante ayant trait à un attouchement sur mineur. A l'époque, la majorité était, il est vrai, fixée à 21 ans. Mais le scandale aurait pu être fatal. Une histoire que François Mitterrand, jamais avare sur le sujet, aimait également raconter à l'un de ses biographes, qui passait le voir à l'Elysée. De fait, Antoine Pinay, qui a vécu jusqu'à 103 ans, n'avait pas la seule obsession du redressement de l'économie française... "Un jour, il a disparu au moment de la signature d'un contrat important en Autriche, raconte un de ses conseillers. Il n'a pas pu être conclu." Un journaliste, qui déjeunait avec lui à l'Automobile Club, se souvient d'avoir vu son regard briller sur les formes avantageuses d'une serveuse. Jusqu'à un âge très avancé, l'argentier de l'Etat, qui avait une santé de fer, ne s'interdisait pas d'avoir la main baladeuse avec ses secrétaires. »
FINALEMENT RIEN NE CHANGE