GéCé

GéCé

CE QUE NOUS AVIONS

Il ne faudrait surtout pas croire que j'ai eu une enfance misérabiliste

 

Mes parents avaient des ressources modestes et un appartement démuni de tout confort mais c'était la norme dans le milieu social dans lequel j'évoluais et personne ne s'en plaignait ni n'en souffrait. Nous ne connaissions rien d'autre et n'étions pas dans l'envie.

 

Il y avait une frontière entre les "bourgeois" et le milieu populaire. A chacun sa place!.

C'était une notion entérinée par l'église catholique puisque les "notables" disposaient d'un prie Dieu réservé dans les premiers rangs de l'église: un chaise sur laquelle figurait une plaque d'identification à leur nom, leur en réservant l'usage exclusif.

 

Le peuple occupait les places vacantes!

Hiérarchie sans doute éloignée des prescriptions divines mais entérinée à tous les niveaux de l'église catholique.

 

 

Le prie-Dieu est une sorte de chaise, très basse, qui permet de s'agenouiller et dont la traverse supérieure du dossier sert d'accoudoir.
Il existe également des prie-Dieu comportant une assise mobile, qui permet de s'asseoir ou de s'agenouiller.

 

 

 

 

Nous n'avons jamais eu faim ni froid. Cela peut sembler mélodramatique de dire cela mais à l'époque ce n'était pas le cas de tout le monde.

 

Deux aspects révélateurs:

 

LES SOIREES EN FAMILLE RESTREINTE:

 On discutait, on lisait, on "menait sa vie". Il n'y avait pas de tensions. Chacun gérait son temps en fonction de ses envies. Si mon père avait du retard concernant son travail de cordonnier il s'y remettait tranquillement et le bruit de la machine à coudre ou l'odeur de la colle pour les semelles  nous était agréables.

Il n'y avait jamais aucune interférence extérieure

 

COMMUNAUTE DE VIE:

Mes parents ne se déplaçaient pas pour exercer leur activité professionnelle. C'était assez inhabituel vis à vis de la majorité de mes copains dont le père se rendait quotidiennement à l'usine. Je n'étais toutefois  pas dans une position isolée: j'avais des amis dont les parents étaient également commerçants.

Le travail à domicile présentait l'avantage d'une communauté de vie constante sans souci d'horaires. Je n'en m'en suis jamais rendu compte durant mon enfance. Pour moi, c'était une façon  de vivre normale

Le climat familial était calme: très peu d'effusions mais jamais de scènes de ménage. On ne se recevait pas entre copains et on voyait rarement la famille ce qui nous a confiné dans un cocon à trois.

 

UNE ADEQUATION AU NIVEAU CULTUREL:

Comme à l'église: à chacun sa place !

Les enfants "fils de famille" qui étaient scolarisés au Collège Sainte Marie dont mon père était le cordonnier n'ont pas suscité la moindre jalousie de ma part.

Je n'ai jamais eu honte de la situation sociale mes parents

Je n'ai jamais envié les "nantis "  (terme non usité à l'époque) parce que les moeurs en vigueur dans l'après guerre ne remettaient pas en cause les classes sociales (sauf dans la mouvance du parti communiste qui prônait "la lutte des classes" dont j'ignorais jusqu'à l'existence)

S'il y a de ma part une forme de ressentiment il est rétroactif et ne s'est développé qu'à la fin de mon adolescence.

 

 

LA LECTURE DES JOURNAUX: L'ESPOIR ET L'ESSOR

Il est difficile à l'heure actuelle de se rendre compte de l'importance du quotidien local qui portait comme titre "L'Espoir". C'était le relais avec le monde extérieur. Ma mère allait l'acheter chez Dartevel, le buraliste local dès qu'elle se levait. Aussi bien mon père qu'elle, lisaient pratiquement tous les articles ce qui leur permettait de "connaitre les nouvelles du monde" mais surtout les évènement locaux et  éventuellement d'en discuter  lors des repas C'est une habitude acquise dans mon enfance que j'ai conservée.

Un deuxième journal avait de l'importance. "L'Essor" était un hebdomadaire catholique que j'ai vite détesté. Il était d'une intransigeance absolue sur le plan moral et sa critique cinéma ne portait que que cet aspect, avec un système de cotation interdisant pratiquement tous les films aux enfants (sauf des idioties du genre Joselito). Jamais mes parents n'ont accepté de déroger à ces dictats ce qui a retardé l'éclosion de ma passion cinématographique                                                                                                                                                                                                                                                                LES RECLAMES  

C'est complètement anecdotique mais à l' époque la publicité n'avait pas l'importance qu'elle a acquise depuis. Elle existait dans les journaux mais il n'y avait pas de prospectus. Les industriels utilisaient - entre autres- un moyen original pour faire connaitre leurs marques: les buvards.

Pendant les années de primaire nous étions tous en quête du plus grand nombre de buvards ce qui nous obligeait à nous rendre chez les commerçants pour les quémander. Ainsi un épicier, un pharmacien pouvaient en distribuer un nombre important en fonction des marques qu'ils vendaient. A titre d'exemple j 'avais en ma possession les réclames concernant le chocolat Meunier, Poulain, Lanvin, Cémoi, Kohler, Suchard...

Suivant les circonstances, on était plus ou moins bien reçu. On procédait à des échanges. Un buvard n'avait de la valeur que s'il était non utilisé. Même mes parents jouaient le jeu et pouvaient demander le précieux document auprès d'autres commerçants

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     

 

                                    

 

 

L'arrivée du stylo-bille en a rendu l'usage  obsolète dans les salles de classe.

Ma collection a du finir dans le fourneau familial.

La mode était passée 

 

LA RADIO

Le premier poste de radio que nous avons eu était un transistor RADIOLA acheté en 1963 pour fêter ma réussite au BEPC

On écoutait les "grandes ondes" où il n'y avait que France Inter, Europe N°1, Radio Monte-carlo, Radio Luxembourg et Sud Radio

J'étais fervent de l'émission SALUT LES COPAINS, des  nombreuses pièces de théatre diffusées sur France Inter et des reportages sportifs, notamment le Tour de France. J'ai également découvert l'émission LE MASQUE ET LA PLUME où s'affrontaient deux critiques célèbres de cinéma Jean Louis Bory et Georges Charensol

Il existait également des stations (notamment régionales) sur les petites ondes mais le son n'était pas bon.

Durant le repas de midi, on ne manquait jamais d'allumer le poste pour suivre LE JEU DES 1000 FRANCS. C'est une habitude que mon père a conservé même lorsqu'il a vécu seul après le décès de ma mère

 

                                                        

 



13/02/2011
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