JOURNAL14/18 75° REGIMENT D'INFANTERIE
J'ai réussi à trouver le journal du 75° Régiment d'Infanterie pour la période de début de la guerre jusqu'à à la fin de l'année 1914.
C'est un compte-rendu officiel au jour le jour des activités du régiment.
Cela me permet de reconstituer la vie de mon oncle COURBON JEAN BAPTISTE qui était dans cette unité
JOURNAL DE MARCHE ET OPERATIONS DU 75 REGIMENT D’INFANTERIE PENDANT LA CAMPAGNE ENTREPRISE EN 1914 DU 5 AOUT AU…
(Un bataillon compte de 600 à 1000 hommes
Une compagnie d'infanterie compte entre 85 et 130 hommes)
AOUT
1° COMPOSITION DU 75° le jour de son départ de garnison (Romans)…
L’effectif est le suivant :
- Officiers : 53
- Sous officiers et hommes de troupe :3371
- Chevaux : 196
2° MISE EN ROUTE
Le 75° est mis en route de Romans par voie ferrée en 3 éléments dans la nuit du 6 août 1914. Ces 3 éléments sont dirigés sur la gare régulatrice de Besançon ensuite sur Bruyères, gare de débarquement où ils arrivent la matinée du 7 août…
JOURNAL 8 AOUT :
Le 75° reçoit l’ordre de remplacer à Herpelmont le 14°chasseurs désigné pour une autre destination…Il faut tenir les hauteurs de la rive gauche de la Vologne
JOURNEE DU 10 AOUT :
La 2° division se porte vers Corcieux en 2 colonnes
JOURNEE 13 AOUT
Le général Sorbets donne l’ordre de se porter à l’attaque de l’ennemi
Le 1° bataillon doit assurer la garde du col, partie Nord pendant qu’une colonne doit prendre pied sur les objectifs suivants : col du Louschbach, La Mage, Immerlin-Hopt, Tête de faux… Les actions de la colonne doivent être appuyées par le groupe d’artillerie monté en position
Départ du col du Bonhomme 1h30. A 4 heures la colonne atteint la ferme « Reischsberg » sans incident….
A 6 heures le 2° bataillon prend comme axe le chemin à un trait qui passe la gauche de ‘Reischsberg » sans incident et s’élève au Nord puis au Nord Est
A 7H30 la 7° compagnie et quelques éléments de la 6° s’engagent. La progression dans un terrain boisé difficile est très lente
A 11h l’action s’arrête pour permettre le ralliement des effectifs qu’une action sous bois très touffu avait un peu disséminés
A 12 h l’action reprend. La batterie alpine doit appuyer l’attaque
A 14h le général Sorbets donne l’ordre d’arrêter l’action
A 14h4 la colonne est dirigée sur le col du Louch pach puis celui du Bonhomme sans incident
JOURNEE DU 14 AOUT
Les troupes restent à leur bivouac. Ordre est donné d’envoyer une seule reconnaissance. Celle-ci (Sous Lieutenant Preyre) arrive sans incident au col des Bagnettes. A cet endroit le général dit au sous lieutenant de considérer sa mission comme terminée. Il ne lui est pas possible d’aller plus loin. L’ennemi occupe fortement la ligne de hauteurs. Le Général fait préparer des sections de batterie pour combattre cette ligne
JOURNEE DU 15 AOUT
L’attaque est constituée en 2 lignes…
La marche se poursuit sans incident par le Roseberg, la Closerie où le détachement est rassemblé vers 6h30. Le lieutenant-colonel Souverain reçoit l’ordre d’attaquer le mouvement de terrain 933 en appuyant sa droite sur l’éperon « La closerie/ les Cournées »
A 8h30 le 1° bataillon reçoit l’ordre d’entrer en ligne en doublant l’extrême gauche du 2° et en le débordant. Un vide s’étant produit les 3° et 2° compagnies se déploient et le comblent
A 10h le 2° franchit le ravin profond qui descend de « Cote Sainte Marie » sur le Bonhomme. Toute l’artillerie de la colonne Sorbets est en action et l’artillerie du secteur des Bagnettes soutient également notre attaque. L’ennemi qui tient la rive gauche se replie en combattant et notre mouvement avant se continue…
A 11h l’attaque s’arrête sur les positions qu’elle organise solidement. Les avant-postes s’étendent de 933 au Bonhomme…
Ordre de stationnement :… Tranchées à construire pour tireurs debout, assez profondes pour ne laisser passer qu’une partie de la tête
JOURNEE 17 AOUT
Une reconnaissance est envoyée à… Rien à signaler
Une reconnaissance est envoyée à… Rien à signaler
Une reconnaissance de cavalerie commandée par lez Lieutenant Meyer du 9° hussards a mission de reconnaître si La Goutroye est occupé et comment….Arrivée au milieu du village la reconnaissance essuie des coups de feu qui blessent un homme au pied et un cheval au ventre
JOURNEE DU 20 AOUT :
…Le 75° se dirige sur Suboures où il arrive à la nuit sans avoir pris contact avec l’ennemi
JOURNEE DU 21 AOUT:
A la tombée de la nuit l’artillerie lourde commence à bombarder nos positions
JOURNEE DU 23 AOUT
Violent bombardement dès l’aube. Il devient impossible de se maintenir. La 6° compagnie a de nombreuses pertes et la 11° après une résistance prolongée est obligée de se replier. Sous le feu violent de l’artillerie ennemie le régiment se replie en bon ordre sur le col du Hans où il reprend les positions qu’il avait quittées la veille et y complète l’organisation défensive.
JOURNEE DU 24 AOUT :
…Après un violent combat qui a commencé le matin de bonne heure le régiment tient toujours ses positions quand à 15h l’ennemi ayant reçu des renforts importants l’oblige à évacuer le col vers 16h
JOURNEE DU 25 AOUT
Le 14° corps…a pour mission d’attaquer l’ennemi qu’il doit prendre de flanc dans la direction de Raon l’Etape/ La Touche…
….Un convoi de ravitaillement ennemi étant arrêté sur la route Roan l’Etape/ La Tronche, les 2 sections de mitrailleuses ouvrent immédiatement le feu et infligent de fortes pertes
L’ennemi étant fortement retranché à Chavrey village situé au pied du versant Nord…le régiment attaque et à l’avantage pendant un moment mais les Allemands en nombre supérieur sortent de leurs retranchements et malgré la résistance acharnée du régiment l’obligent à se replier dans la direction de Moyenmoutiers
Le Commandant Biloin est tué ce jour-là à la tête de son bataillon. Le commandant Gilles est grièvement blessé et disparu. Le régiment passe la nuit au Paire
Lihu est une ferme dépendant de Lihons (8 habitants en 1867...)
SEPTEMBRE
JOURNEE DU 3 SEPTEMBRE.
… A 6h l’artillerie allemande commence à bombarder les positions occupées par le 2° bataillon. Ce bombardement précède une forte attaque ennemie qui a lieu vers 9h. Après une résistance prolongée et devant un ennemi bien supérieur, le 2° bataillon doit se replier après avoir tenté de refouler l’ennemi par plusieurs charges à la baïonnette…
Les 3 première compagnies participent pendant la nuit du 3 au 4 septembre aux attaques et contra-attaques qui ont lieu à La Salle et Hompotluze
JOURNEE DU 4 SEPTEMBRE
A 3h30 le régiment reçoit comme mission de reprendre pied dans La Salle
...Combat acharné toute la journée sans avantage bien accentué d’aucune part
JOURNEE DU 7 SEPTEMBRE
La situation reste à peu près la même
JOURNEE DU 8 SEPTEMBRE
Les 1° ET 2° bataillons progressent légèrement à l’Ouest de La Salle pour menacer dans cette direction la droite allemande et s’efforcer d’obtenir l’évacuation des fermes au S.O de La Bourgance
JOURNEE DU 10 SEPTEMBRE
Continuation des fortifications et fabrications d’abris pour les tranchées
JOURNEE DU 11 SEPTEMBRE
A 13h30 l’ordre est donné d’attaquer La Salle. Les 1° et 2° bataillons se dirigent sur ce village qui a été évacué par l’ennemi à la suite des feux de notre artillerie…
JOURNEE DU 13 SEPTEMBRE
Arrivée du régiment à Hurbache. Etape très pénible, pluie et vent tout le long du parcours
JOURNEE DU 18 SEPTEMBRE
Stationnement dans les campements occupés depuis le 17.
L’après-midi est consacré à des exercices d’embarquement en vue de l’embarquement qui doit avoir lieu le lendemain
JOURNEE DU 20 SEPTEMBRE
En chemin de fer
Débarquement à Rantigny Liancourt
JOURNEE 24 SEPTEMBRE
L’ennemi est signalé dans la région de Chambres Vermandovillers … Avant que le mouvement du 3° bataillon soit achevé, l’ennemi qui l’a devancé au Bois Etoilé attaque vers le Sud, obligeant en même temps plus à l’Est les compagnies de tête à stopper aux environs de Bois-Madame. A la même heure la tête du 1° bataillon débouchant vers le cimetière de Lihons est aux prises avec une colonne ennemie venant d’Estrées
… Le 1° bataillon est Très sérieusement accroché.
JOURNEE DU 25 SEPTEMBRE
Le combat reprend à la pointe du jour. Remarquable repérage de l’artillerie
Le 1° bataillon résiste énergiquement sur ses positions
Le 2° bataillon essaie en vain dans la matinée de déboucher du Bois triangulaire en direction de la ferme Lihu.
Le 3° bataillon combat à Bois Madame occupant 7 tranchées creusées avant la nuit
Dans la brume avant le lever du jour l’ennemi s’organise en colonnes par 4, à courte distance des tranchées dont il ne soupçonne pas l’existence. Il est fauché par un feu à bout portant et bat précipitamment en retraite.
Au lever du jour il lance une attaque méthodique, appuyé par un tir efficace de 77 ; un aero repère les tranchées qui sont bientôt arrosées tandis que l’infanterie s’infiltre dans le Bois Madame.
… L’attaque allemande progresse.
… Le capitaine de la 12° compagnie se voyant sur le point d’être entouré se jette dans le bois avec une dizaine d’hommes de la tranchée la plus voisine ; ils sont de suite mis hors de combat. Seuls le capitaine et 2 hommes parviennent en rampant plusieurs heures à se dégager. Les pertes dans les tranchées sont nombreuses ; tous les gradés sauf l’adjudant sont tués, les munitions sont épuisées. Un homme qui lève la crosse en l’air est aussitôt abattu par le Caporal Sylvestre. Les survivants au nombre de 50, pour la plupart blessés sont fais prisonniers après avoir respecté l’ordre de tenir coûte que coûte. Une partie de la 9° compagnie subit le même sort.
Vers midi une attaque générale se produit sur la ferme Lihu. L’attaque par suite du feu violent de l’artillerie ne progresse pas. A 20 heures le 1° bataillon toujours au cimetière repousse une violente attaque ennemie se produisant sur la cote 101.
JOURNEE DU 26 SEPTEMBRE
Violent bombardement. Dans la matinée le 2° bataillon s’empare de la ferme Lihu et le 1° occupe comme point d’appui les lisières de Lihons
…Dans l’après-midi le 2° bataillon est soumis à un feu violent d’artillerie et subit des pertes très sérieuse. Il ne peut enlever les tranchées ennemies situées dans la plaine et revient occuper les lisières du bois
JOURNEE DU 27 SEPTEMBRE
Après un violent bombardement les allemands prononcent une forte attaque sur la ferme Lihu
JOURNEE DU 28 SEPTEMBRE
La 11° compagnie occupe la tranchée. Par suite des combats précédents, elle est alors réduite à environ 110 hommes
OCTOBRE
JOURNEE DU 5 OCTOBRE
Après plusieurs attaques à la baïonnette la ferme Lihu est reprise avec l'appui d'une compagnie du 140°. Malgré tout on ne peut se maintenir dans le petit bois de Lihu dont la lisière est à découvert sous le feu de la tranchée du Pommier reprise par l'ennemi
JOURNEE DU 6 OCTOBRE
La 9° compagnie ayant été renforcée par des territoriaux, le Lieutenant Millon- Rousseau qui la commande reçoit l'ordre d'occuper la tranchée du Pommier. D'après les renseignements celle-ci n'est que faiblement occupée. Le lieutenant porte sa compagnie à la lisière du bois et fait lui-même agir ses chefs de section en reconnaissance; il trouve la tranchée fortement occupée avec 2 mitrailleuses en position. Devant cette supériorité et sans préparation d'artillerie l'attaque est remise
JOURNEE DU 18 OCTOBRE
Ordre du Capitazine Boissel d'opérer une reconnaissance offensive. Une patrouille traverse le eptit bois du Lihu et s'approche à quelques mètre de la tranchée du Pommier sans recevoir un coup de fusil. 3 sections s'engagent dans le Petit Bois Lihu à sa suite sans être inquiétées. Du calvaire, elles font un feu nourri auquel il n'est pas répondu puis débouchent du bois et s'élancent sur la tranchée à la baionnette. Elles sont recues par un feu violent qui lesrejette dans le bois
JOURNEE DU 28 OCTOBRE
Il ne pouvait plus être question d'occuper la tranchée par surprise, l'attention de l'ennemi était appelée sur ce point de la ligne
L'opération projetée fut cependant de nouveau tentée. A peine les premiers éléments franchissaient-ils la ligne de défense ennemie que les Allemands surgissaient en grand nombre de la tranchée lancèrent des bombes à main dont le fracas produisait sur nos petites colonnes un effet démoralisateur. Elles n'avancèrent plus; malgré de violents efforts impossibilité de les reporter en avant. L'élan est brisé
NOVEMBRE
Un seul commentaire:
La situation reste stationnaire
DECEMBRE
Au commencement de décembre les travaux de mines sont suffisamment avancés ( à une dizaine de mètres de la tranchée allemande). Il faut prévoir une action déterminante.
Une sape est entreprise au sud du Petit Bois pour permettre la construction d'une tranchée sur la crête dans le prolongement de la tranchée allemande du Pommier
JOURNEE DU 10 DECEMBRE
Le génie fait sauter une de ses mines en raison d'une contre-mine allemande. Le parapet de la tranchée allemande semble quelque peu endommagé
JOURNEE DU 16 DECEMBRE
Dans l'après-midi l'artillerie dirige son tir sur la tranchée du Pommier
JOURNEE DU 17 DECEMBRE
Enfin l'opération désignée est effectuée
...La tranchée allemande est occupée et immédiatement organisée. Dans l'apres-midi l'ennemi tente de violente contre-attaques toutes repoussées
Jean Baptiste COURBON est l'un des nombreux soldats anonymes tué dans la zone ce jour-là
Malgré mes recherches, à ce jour je n'ai pas trouvé trace du lieu de son inhumation
Monuments aux morts Eglise de Planfoy